26 mars 2009

44. Fleureter avec la mort

Weiner, le deuxième fils (de 18 ans) de ma famille d'accueil est à la recherche d'emploi depuis quelques temps. Au Guatemala, cet âge est critique pour le jeune adulte. Soit il trouve un emploi et arrive à gagner sa vie, soit il sombre dans le côté obscure de la criminalité. Je décide donc de lui refiler un coup de main.

D'abord son CV. Ayayaye! Quelle catastrophe! Il me montre un document tapé à la dactylo et photocopié au moins 50 fois. Consterné, je lui explique le principe de la première impression tout en marchant vers le café Internet le plus près. Je lui confectionne donc un CV à la manière «Harry»: un texte accrocheur, un peu de couleur par-ci, un peu de style par-là. Et la cerise sur le gâteau, sa photo juchée au haut de la page: quoi de plus naturel pour un future vendeur. Et vlan! Nous sommes en présence d'un CV qui fesse! Le propriétaire du café n'en crois pas ses yeux et en demande une copie. Bon, j'en conviens... je ne suis pas allé avec le dos de la cuillère.

Maintenant bien armés, nous partons donc à la chasse aux emplois à Antigua. Voilà maintenant plus de deux mois que je vis dans cette ville. Dans la rue on me salue et m'appelle par mon prénom. Je décide donc le lui présenter toute ma clique: l'ex-propriétaire de ma moto, le notaire qui a officialisé la vente, le boulanger qui me fait grossir quotidiennement, le garagiste qui explose de rire en apprenant que je voyagerai 10000 km avec ma moto, la directrice de l'école où j'ai étudié, la gérante du café d'où je vous écris, le chiro qui m'a guérit miraculeusement et même le policier qui m'a arrêté il y a quelques temps. Chacun nous réfère à un amis qui recherche possiblement un employé. Weiner est motivé comme dix. Deux jours lus tard, il m'annonce, fiers et brillant, qu'il a trouvé un emploi: dès le lendemain, il fabriquera des cercueils.

Enthousiaste, il parle de de moi à son patron qui m'invite à passer une journée avec lui afin d'apprendre l'art de fabriquer un cercueil. Allez hop! Pourquoi pas? Allons fleureter un peu avec la mort...

21 mars 2009

43. Stewart little en a marre

Je vous présente Stuwart, mon voisin de chambre depuis plus d'un mois. «Stuw» (pour ceux qui ont déjà pris une bosse avec lui) est un écossais de 22 ans qui n'a pas pu trouver de travail dans son pays, mais qui a trouvé asile à Antigua auprès de l'organisme de bienfaisance Global Vision International.

Aujourd'hui, Stuwart en a marre de tout. Il y a de ces jours comme ça qui ne vous donne aucun répit. Il se tourne donc vers moi et, d'un fort accent écossais que j'arrive tout juste à décoder, me demande: «Dou yiu went-té gow zom wè?» (??!?!?!!!?). En bon français: Veux-tu aller quelque part? Il n'en faut pas plus pour chatouiller ma fibre aventurière.

Quelques minutes plus tard, on est en route sur mon cheval de fer vers Panajachel et son splendide lac Atitlan. Vous vous rappelez de San Marcos La Laguna il y a quelques jours? Eh oui, encore une fois! Pour une raison inconnue, cet endroit me déstabilise, me coupe le souffle me bouleverse et m'enchante à la fois. Autour de ce lac mystique, je ne peux m'empêcher d'avoir constamment cet agréable sourire idiot étampé en plein visage.

Cette fois, nous nous dirigeons vers Santa Cruz La Laguna. Quelques recherches sur Internet m'ont permis de découvrir que ce village perché cache une minuscule auberge reconnue pour ses soûpers style BBQ du samedi soir. Du village voisin, Kathleen et son ami Ari de New York se joignent à nous.

Quelqu'un a-t-il dit «Party»?!? D'un réflex génétique inconscient, Stuwart se dresse soudainement, comme une marmotte alarmée sortant de son terrier. Oui, un party, et costumé à part ça: chacun doit changer de sexe! Dans une minuscule salle à costumes rudimentaires, on essaie jupes, robes, brassières, perruques, et on explose de rire en se roulant parterre à chaque fois. Voici le résultat final:

La soirée est nettement à la hauteur de sa réputation. Le buffet est grandiose (pour l'endroit) et si savoureux! Miam! On y sert même des brownies maison pour dessert. Stuwart est aux anges et boit à une vitesse grand «V». Je le regarde, consterné. Il m'explique fièrement que Dieu a créé le monde de manière inégale et que certaines personnes, comme les écossais, naissent privilégiées et peuvent boire comme des trous sans problème. Sympathique théorie, vous ne trouvez pas? Mais moi, j'ai la preuve irréfutable du contraire... Hahaha Stuwart! Got ya boracho!

L'endroit est rempli d'étrangers voyageurs. En une seule soirée, je voyage de la Suisse au Danemark, de l'Australie à l'Argentine, puis des États-Unis à la Suède. Vêtu d'un léger déshabillé sexy, je voyage à travers le monde, un peu comme Stuwart, à vitesse grand «V», mais animé d'une autre folie. Ce voyage en paroles est fascinant. Chacun a sa propre raison, sa propre histoire rocambolesque à raconter.

Mais comment?!? Il est déjà une heure du matin?!? Deux policiers se présentent au seuil de la porte, bras croisés et tapant du pied. D'un charmant sourire, la propriétaire leur offre un cigare cubain et un verre de rhum brun, gracieuseté de la maison. Cette astucieuse manœuvre répétée nous permet à tous de profiter d'avantage de cette nuit abondamment étoilée.

Et entre deux volcans, j'aperçois quelques rayons de soleil qui tentent de percer la nuit. Ébaubi par les merveilles qui m'entourent, je pense à vous tous avec qui j'aimerais partager ce moment intensément jubilant.

18 mars 2009

42. Parlons sondage...

Lors du dernier sondage «Harry & Harry», je vous posais la question suivante: «D'après vous, quel est le principal but de ce voyage?». Et à cette dernière, vous avez répondu ceci:


Pour ceux qui ont répondu «Explorer» (9%), vous avez tout à fait raison. Je suis ici pour découvrir autre chose. Une autre culture, une autre façon de vivre, un contraste à notre quotidien nord-américain. Et croyez-moi sur parole, le dérangement en vaut largement la peine.

À ceux qui ont osé répondre «Me désennuyer» (9%), je vous dis poliment: «Prout!». Ma vie montréalaise n'avait rien d'ennuyant, bien au contraire! Mais disons que j'avais besoin ce petit quelque chose encore inexplicable que j'ai l'impression de trouver ici, parmi tous ces gens drastiquement différents.

Pour ce qui est de «Fuir quelque chose» (28%), alors là, je suis sur le cul! Plus d'un quart de mon entourage croit que ce voyage est une fuite? Wow! Vous me faites sourire...et vous m'intriguez. Sérieux?!? La question est donc: Que fuis-je? À vous de me répondre!

41% d'entre vous pensez que je suis venu ici afin de m'enrichir. Bravo, bien répondu! Vous aurez tous un petit collant sur votre bulletin dès mon retour. En effet, ce voyage est l'expérience la plus enrichissante de ma courte vie...et c'est pas fini! Comme un enfant, j'ai les yeux qui brillent et très hâte de découvrir la suite.

Aucun d'entre vous n'a choisi la réponse «Mourir». Haha! Je dois vous dire que vous êtes TOUS dans le champ! Je vous ai bien eus. Sachez que je suis bel et bien ici pour mourir. Mourir de tout ce que je ne suis pas, puis renaitre de tout mon être. Mais ne vous en faites pas, si tout va bien, vous me reverrai la binette...mais avec ce petit quelque chose de différent.

Et à ceux qui ont coché «Sans but précis» (13%), je vous invite à relire ce texte attentivement. Je crois qu'il n'y a rien de pire qu'un voilier qui vogue sans voile ni gouvernail.

Et un gros merci à vous tous qui avez répondu à mon mini-sondage (d'envergure internationale) ainsi qu'à tous ceux qui me lisez assidument. Loin, très loin de vous, sachez que c'est un précieux réconfort de vous savoir avec moi dans mes récits de voyage. Je vous envoie tous le plus beau des sourires.

14 mars 2009

41. Kathleen in the skies

The emotions of the last few days have left me psychologically disturbed and physically exhausted. I have an urge of getting out of here and flirting with Mother Nature. At once, I go to «Google Maps» and discover a blue spot not too far from Antigua: Lago de Amatitlan. Perfect! My family tells me that I can be there in less than an hour with my motobike.

A little earlier, I ran into another very disturbed person: Kathleen. A few hours ago, she received the news that she was rejected from her favorite Art College she applied to in the United States: high hopes, great deceptions. And since there is nothing like a person that feels shittier than you to improve your mood, I offered her the back seat of my moto.

So, two and a half hours later, we get there. Damn Guatemalan roads! You can get lost even with a GPS. We stop by the lake and sit down to enjoy the view...of the most polluted lake I have ever seen. The water is as green a the Springfield River in the Simpsons. It almost glows at night! So much for my swimming suite... There is NO way I am touching this radioactive water. And a few meters away, some indigenous man is fishing...

Next to us a handful of local kids are smiling and laughing. One of them dared to approach us. He asks if we can take a photo of him and his 3 friends. To my surprise, they are not asking for any money in return. So, I gladly obey: they are on fire and jumping everywhere. Look at this great photo of them! The shot taken, they all stare at me, waiting. I stand puzzled. What??? The gutsiest asks me: Where is the photo? I remain stunned for a millisecond, then Kathleen and I start laughing like hell! We laughed so much, the echo of our laughter was most probably heard across the lake. Believe it or not, I had to explain to them the entire concept of digital cameras.

Moments later, a man walks by us and initiates a very sympathetic conversation with us. He tells us all about the village, the lake, the pollution, the people and the history of the this place. He also happens to own the little family restaurant behind us. Both charmed and empty-stomached, how could we refuse such a nice invitation? The meal of the day is fish: Tilapia. From this lake?!?!?, I ask. He swore to me that it came from the Pacific. I briefly peeked into his soul through his eyes and smile, then gave him my trust. I tell ya...the fist bite sent my mouth to paradise. Yummy! He introduces us to his lovely wife and 12-year old daughter. They are as adorable as Sergio!

He offers us to guide us up the mountain where the view is supposedly breathtaking. And on top, there is a chairlift that will bring us back here. When is the kindness of this man is ever going to run out? Sergio, you rock! I look at Kathleen, dying to go. Vamos! The climb is quite a challenge. The mountain is dangerously steep and Sergio is almost running. My pumping heart is following, but a kilometer behind me. We finally take a break in front of a tree filled with gorgeous bright yellow flowers. He picks up a few and offers them to Kath, with the shiniest smile on earth. This day trip gets better by the minute.

Once on top, exhausted, we run into a locked gate: SHIT! The chairlift is surrounded by a large fence newly constructed. Sergio is embarrassed. We scream a few “Hola!”, and a guard finally shows up. He refuses systematically to let us in. He keeps saying that the rules are the rules and they can't be broken. Sergio tries to talk, reason, schmooze and even bribe him, but nothing works. He stays as stubborn as a mule. I then quietly ask Kathleen to “fake” a twisted ankle (she only had blisters). After one hour of intense negotiations and many phone calls to his superiors, he FINALLY let us in. Yeah baby!

The ride down was awesome. Have I told you I hated heights??? But what a spectacular view. The sundown is stunning... SHIT!... The sundown!!! I can't drive at night! With the longer than expected 1000-meter hike and all this negotiating crap, time flew too quickly. Shoot!


Back on the ground, we ask Sergio for a cheap trustworthy hotel nearby. A few moments later, we have an “ok” room with basic furniture and without hot water. That will do. I am full of dust and sweat and I am dying for a shower. A few minutes later, we crash...but we can't sleep: in front of the hotel, a bar plays loud music until 3:00 am... then drunk people puking... then a water pomp outside our window... then the early birds signing... then a rooster... then the morning and checkout time came. No!!! Grrrrrrr! Total sleep time: barely 40 minutes.

But looking at the bright sunshine coming through the window, I can't help thinking of the day I just spent here. I smile and wonder what other great surprise this next one has in mind for me...


P.S.: Ai-je bien écrit ce texte en anglais?!? Vivement les exceptions!

P.P.S: Si ce blog vous a été référé par une tierce personne, j'aimerais bien avoir votre adresse email pour vous tenir au courrant. Vous pouvez me contacter à hkougiou arobas hotmail point com. :)

11 mars 2009

40. Le temps des adieux


Bon. Après presque deux mois à Antigua, il est temps de partir et de découvrir d'autres horizons. Pas facile! La dernière personne qui a quitté cette maison, Sanna, m'a avoué plus tard qu'elle a pleuré dans l'autobus durant les 20 heures de routes qui l'ont menée jusqu'au Mexique...et je la comprends. Dans mon cas, je ne pourrai me le permettre, car pleurer en moto brouille la vue et est extrêmement dangereux. Mais ils sont si attachants...

Je prends donc mon courage à deux mains et confectionne une carte de remerciements en espagnol, à la manière "Harry":



No hay ninguna palabra que puede decir todo lo que siento por ustedes. Vine como un extranjero y en un rato me han dado la bienvenida como uno de su propria familia.

En ninguna familia he sentido tanta alegría, he visto tantas sonrisas y he oído tantas risas. Cada uno tiene una fuerza de vivir como nunca lo he visto en toda mi vida, en los mayores como los chiquitos. En el hogar “Chivichon” vive una alma riquísima y llena de felicidad que solo uno puede soñar.


Y con mi alma, mi corazón, les deseo lo mejor que la vida pueda traerles.


Muchas gracias y ... hasta la próxima vez!


Harry “Gallo”
xox



Et en français...

Il n'existe pas de mots qui puissent décrire tout ce que je ressens pour vous. Je suis venu comme un étranger, et en un instant, vous m'avez accueilli comme un membre de votre propre famille.

Dans aucune famille ai-je senti tant de joie, ai-je vu tant de sourires et ai-je entendu tant de rires. Chacun possède une force de vivre comme jamais je ne l'ai vu de toute ma vie, et ce, chez les plus grands comme chez les plus petits. Dans la maison "Chivichon" vie une âme riche et pleine de joie à laquelle on ne peut que rêver.


Et avec tout mon âme, mon cœur, je vous souhaite le meilleur que la vie puisse vous apporter.


Mille mercis et ... à la prochaine fois!


Harry "Gallo" xox




Bien sûr, la cérémonie d'adieux se termine en larmes et sanglots collectifs. Tout le monde se tombe dans les bras avec une force qui témoigne de ce que les paroles n'ont pu dire. Intense.

Par la suite, Marielos m'implore de l'accompagner en moto vers un endroit inconnu pour quelques minutes avant de quitter définitivement. J'obéis. Six coins de rues plus loin, elle me fait signe de tourner dans l'entrée d'un couvent nommé San Francisco. Je stationne ma moto et nous nous dirigeons vers un prêtre. Je reste dubitatif. Elle me dit qu'elle aimerait qu'il me bénisse, moi et ma moto afin de me protéger dans mon voyage. Mon cœur saute un battement, car sachez que l'eau bénite me brûle la peau (et l'âme). Mais comment refuser une si bonne intention? Tel un chevalier du Moyen-âge, je m'agenouille, tête basse, et le prêtre s'exécute.

De retour à la maison, j'offre un dernier sourire à tous et marche courageusement vers la sortie, toujours incertain si j'irai au El Salvador ou au Honduras. J'ouvre la porte et... l'horreur!!! OÙ EST MA MOTO?!?!?!?!? Elle était là, devant la maison il y a à peine 15 minutes! NOOOOOOOOOOOOOOOOON!!! En une fraction de seconde, je m'imagine tout le mal de tête qui suivra avec la police, sans compter qu'elle n'est pas tout à fait «réglo» point de vue administratif... Merde! Merde! Et encore MERDE!!! La famille est consternée.

Je décide donc de prendre l'affaire en main. Dans la voiture familiale, nous parcourrons les rues d'Antigua pendant plus de 3 heures, mais sans succès. Nous étendons donc les recherches aux villages environnants. Deux heures plus tard, toujours rien. Mine basse, je me résigne à dénoncer le vol au poste de police. Quelle malchance, vous trouvez pas? Imaginez si elle n'avait pas été bénie...

Sur le chemin du retour de Jocotenango, mon regard rempli de désespoir se perd au loin. Soudain, je l'aperçois: MA MOTOOOOOOO!!! Elle est là, garée sur le bord de la route, seule, loin, très loin de la maison. J'implore Marielos d'immobiliser la voiture et de me laisser sortir immédiatement. J'accours vers la moto, prêt à péter la gueule au premier qui l'approcherait. Alor que je suis à quelques mètres d'elle, j'aperçois Weiner, le fils Marielos, qui sort d'un dépanneur et qui s'apprête à la chevaucher. Ah l'enfoiré!!!

SALAUD! Heureusement, j'ai appris quelques mots de circonstance en espagnol. Je l'empoigne par le coup et lui défait la coiffe fraichement modelée en lui criant tout mon vocabulaire de politesse: CEROTE! LADRON! PUTO! CARA DE MI CULO! MULA! HIJO DE CIEN PUTAS! MIERDA! PUTA MADRE! ESTUPIDO! BRUTA! Y CEROTE OTRA VEZ!!! Tout le monde se pisse dessus en voyant la scène et Weiner aussi. Mais malheureusement, il est maintenant trop tard pour partir, car la nuit est déjà tombée.

De retour au bercail, tous les complices se dénoncent mutuellement et m'avouent qu'ils l'ont fait parce qu'ils ne voulaient pas que je parte. Vous comprenez maintenant pourquoi c'est si difficile pour moi de quitter cette famille??? Le cœur gros, j'accepte de rester quelques jours de plus...

...jusqu'à la prochaine tentative.

5 mars 2009

39. Harry à la plage

Bin oui, je sais: je suis encore et toujours ici, à Antigua.

Vous savez, c'est vraiment pas facile de quitter cet endroit et cette famille super attachante. Eux-même me font du chantage pour que je reste plus longtemps. Certains membres de la famille (que je nommerai point) vont même jusqu'à comploter pour saboter ma moto juste avant que je parte pour le Honduras. Non mais, c'est pas de l'amour, ça?

Pendant que ma moto se fait installer un support à bagages (et bien en sécurité chez le garagiste), nous décidons d'aller passer une journée à la plage tous ensemble. En moins d'une heure, Marielos, Weiner, Aby, Oscar, Lorena, la petite Alejandra (4 ans), le monstre Eduardo (2 ans), la chiwawita Scarlett (1 an) et moi (presque 40 ans!) nous retrouvons tous à Puerto San José, sur la côte pacifique du Guatemala. C'est fou comme il fait plus chaud au niveau de la mer qu'à 1600 mètres d'altitude! Comme oignon devant cuisinier, je me défais de toutes mes couches, sauf la dernière, fin de profiter du soleil et de l'océan.

Les vagues fouettent doucement la plage de sable noir, complètement noir! J'imagine que c'est du sable volcanique. J'emmène Edouardo sur le bord de l'eau, mais son visage se remplie de peur et son corps se crispe à l'idée de toucher au sable ou à l'eau qui va et vient. Peu à peu, je l'accoutume et en moins de deux, il est déjà en train de courir les vagues et en demande encore.

Sa petite soeur, elle, pète une crise lorsqu'on la dépose sur le sable. Mais c'est quoi ce traumatisme familial?!? On ne vous a pas lu les histoires de «Martine à la plage»?!? C'est supposé être le fun la plage!!! Bon, c'est pas gentil du tout, mais j'ai pas pu m'empêcher de la faire patienter ainsi quelques instants afin de prendre cette photo pour vous. Mais tout comme son frère aîné, elle aussi s'est laissé charmer par les plaisirs de la plage après quelques minutes.


Pendant ce temps, Weiner, leur jeune oncle de 18 ans, s'amuse à s'enterrer jusqu'au coup. À sa demande, je lui confectionne un engin de taille démesurée. Il me certifie que cela reflète la réalité, mais à sa grande déception, sa copine Lorena refuse de confirmer l'authenticité de la chose...

On entend les estomacs qui commencent à gronder. On s'installe donc tous sur la terrasse d'un restaurant à proximité. La serveuse nous énumère les différents plats de la mer disponibles et je salive déjà en commandant des «ceviches», cocktail de crevettes fraîches du jour dans une sauce aux tomates et oignons. Mioum! Et pourquoi pas une p'tite broue locale avec ça? Allez hop! Une p'tite Gallo pour tout le monde!

Mais j'ai le malheur de dire que je déteste le poisson servi avec la tête et la queue. Ils s'en s'ont donnés à coeur-joie avec moi. J'ai dû me résigner à affronter une autre de mes peurs et embrasser la tête du poisson d'Aby. Beeeeuuuuuuurk!!!

Plus tard, je passe plus d'une heure à me jeter contre chaque vague qui se présente à moi. D'abord elle me secoue, puis m'emporte doucement sur le rivage, je me relève et repars pour la prochaine. Quel intense sentiment de liberté cet océan qui me berce!

Ce que j'aime ce pays!

1 mars 2009

38. La alfombra

J'ai quitté Antigua il y a une semaine en faisant la promesse à ma famille adoptive de revenir aujourd'hui. Ils nous réservent une surprise à Sanna et moi.

Je viens de me taper cinq heures de route en moto-cross, mais ça, ils s'en balancent. Dès mon arrivée, ils me kidnapent pour m'emmener à Santa Catarina, où un évènement religieux prend présentement place: la vélation. Les gens font la file pendant 2 heures pour contempler sur le sol une oeuvre spécialement conçue pour l'occasion et appelée «alfombra». On pourrait définir l'alfombra comme étant un dessin au sol à base de poussière de bois ou brin de scie. La longue file d'attente en vaut la peine. Wow! Quelles couleurs! La famille m'annonce que nous devons faire de même devant la maison.

Et de retour au bercail, une montagne de brin de scie nous attend. On m'enseigne la technique de colorisation. Notre alfombra est composée de 8 différentes couleurs vives. J'ai maintenant les mains imbibées de concentré de colorant qui ne veux plus partir.


Le lendemain, dès l'aube, nous commençons l'oeuvre d'art, en plein milieu de la rue. Elle mesure 4 mètres par 2 mètres.



D'abord, on étend une bonne couche de fond incolore...



...sur laquelle on saupoudre une fine couche de jaune pétant.



De temps à autres, on doit arroser le tout afin de le protéger du vent qui souffle.


On appose ensuite la mosaïque centrale montrant la scène du dernier repas de Jésus.



On utilise ensuite un modèle afin de dessiner les motifs floraux, un peu comme une peinture à numéros, mais en remplissant les trous de brin de scie coloré.


Certaines étapes relèvent de l'acrobatie...


On complète le tout par une bordure, bien fleurie elle aussi.



Et voilà! Cinq heures plus tard, le chef-d'oeuvre est maintenant complété, juste à temps pour le passage de la Procession, symbole biblique du Dimanche des Rameaux.



Au loin, on aperçoit déjà les romains qui ouvrent le passage. Au centre du cortège, une soixantaine de croyants vêtus de toges mauves transportent une gigantesque plateforme allégorique de la Vierge Marie. À son passage, les gens s'émeuvent et certains pleurent chaudement. Ici, la foi est puissante.


À l'avant, un prêtre dirige la marche...TOUT EN PIÉTINANT NOTRE ALFOMBRA!

AAAAAAAAAAaaaaahhhhhhhhh!!!!!!

NOOOOOOOOOOOONNNNNNN!!!!!!!

Booooooooooooooooouhouhouhou!!!!!

En moins de 1 minute, cinq heures de travail acharné s'envolent en poussière ou en donation à Dieu, dépendamment de vos croyances.

Et voici ce qu'il en reste. On dirait maintenant un Monet...



Derrière le long cortège, un camion de la ville s'apprête à balayer les restes de notre précieuse alfombra, mais pas question que je les laisse faire: Over my dead body!



... enfin, presque...


Quelle coutume. Quel rite. Je me sens loin, très loin de l'Halloween, de la St-Valentin et des cocos de Pâques...