19 novembre 2009

107. Que le voyage continue...

Dans la multitude des destinations mondiales qui s'offrent à moi, celle qui me tient maintenant à coeur est le Québec. Enfin: "Home, sweet home!".

Mais attendrez... je suis debout à la sortie de l'aéroport de Dorval et viens soudainement de réaliser que je n'ai plus de chez moi. Je n'ai plus de condo... je l'ai vendu avant de partir. Je n'ai plus de meubles... je les ai offerts à qui mieux-mieux. Je n'ai plus de toaster, de boîtes, de cossins, de linge, ni même pour travailler... je les ai distribués à tous vents. Un grand frisson de terreur me traverse le dos, et le froid québécois qui sévit dehors n'y a rien à voir. Mais qu'est-ce qu'il m'a pris de me débarrasser de tout, tout, complètement TOUT avant de partir!?!?!

Je prends une grande bouffée d'air glacé, me ressaisis, moi ainsi que mon minuscule sac de possessions et me dirige vers mon véritable chez moi, c'est-à-dire... vous tous, car voyez-vous... le voyage continue, ici, maintenant et avec vous.














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13 novembre 2009

106. San Francisco!

Je vous sens tous très fébriles au sujet de mon retour au Québec. Je le suis aussi. Soyez patients, mon retour viendra bien assez vite. Mais d'abord, une deuxième escale de quelques jours: San Francisco.

Même d'ici, je vous entends dire: "Mais comment Harry!?! Ce n'est pas dutout sur ton chemin de retour!". En effet, c'est un énorme détour de plusieurs miliers de kilomètres depuis le Guatemala, mais croyez-moi, il en vaut largement la peine. Car voyez-vous, c'est ici que vit maintenant ma toute première passagère de moto, Kathleen. Celle-ci vient récemment de déménager à San Francisco afin d'effectuer une maîtrise en arts. Je me suis dit que ce serait une excellente façon de terminer ce magnifique voyage. Mais je dois être honnête avec vous, mon coeur ne bat pas que pour elle aujourd'hui. Dans quelques heures, nous irons voir ensemble le concert de Léonard, le seul et unique Léonard Cohen.

En route pour le stade de San José, Kathleen et moi trottinons de joie: "On va voir Léonrard Coheneeeeeeuuu...la-la-la-la-lèèèèèèreeee!". Sa colocataire Amphy, qui nous accompagne, nous croit possédés mais embarque tout de même dans notre folie passagère. Les gens nous pointent du doigt certains nous prennent même en vidéo. Ils nous en faut pas plus pour redoubler d'ardeur: "La-la-la-la-LÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈREEEUUU!!!".

À peine assis sur nos sièges préassignés (Cool! J'ai le #13, et un vendredi 13 à part ça!), le rideau se lève sur une bande de musiciens en feu prêts à tout pour nous en mettre plein les oreilles. Soudain, trottinant aussi, mon ami Léonard arrive sur scène, devant ses 50,000 fans (plus moi). Sa voix grave et vibrante ME souhaite personnellement la bienvenue (dans mes rêves!). Du haut de ses 75 ans, il entame les premières notes me dessinant ainsi un large sourire qui ne veut plus quitter mes lèvres. Il est vivant, vibrant et passionné pour sa musique. Si passionné, que pour la chanter, il tombe parfois en s'ajenouillant, et, tenant son micro aussi fort qu'un crucifix, il nous transmet toute l'ardeur de sa foi musicale. Chante Léonard, chante et ne t'arrête surtout pas! Et c'est ce qu'il a fait sans relâche quatre heures durant.

Durant la cinquième ovation au quatrième rappel, je sens qu'on serre fortement mon bras. Je me retourne vers Kathleen qui sourit aussi et verse d'abondantes larmes de joie. Elle se penche et me glisse dans le creu de l'oreille un généreux merci d'avoir fait tout ce chemin pour partager Léonard avec elle.


6 novembre 2009

105. Un dernier aurevoir

Oui, oui, vous avez bien lu: je suis en route vers Montréal. Mais avant de vous revoir tous, j'ai quelques escales à effectuer. D'abord, le Guatemala. Pourquoi pas, c'est sur mon chemin.

Vous vous rappelez cette famille qui m'a généreusement accueilli pendant plus de deux mois au début de l'année? Ces gens qui m'ont appris l'espagnol? Ce petit bonhomme de 2 ans que j'avais surnommé Rambo? Cette microscopique pitchounette d'un an qui a fait ses premiers pas avec moi? Cette famille qui a conspiré collectivement pour voler ma moto afin que je ne puisse continuer mon voyage? Et cette table autour de laquelle nous avons partagé rires, bières, festins et peines? Vous vous rappelez de cette famille débordante de vie que j'appelle maintenant ma famille adoptive? C'est à eux que j'irai rendre une petite visite surprise aujourd'hui.

De Buenos Aires, je passe par Huston pour finalement revenir vers le Guatemala. De la capitale guatemaltèque, je prends le premier "chicken bus" (dangereux bus scolaire interurbain) vers Antigua. Puis, du terminal, je marche droit vers la maison. Dans les rues, je reconnais des visages familiers et, afin de garder la surprise, j'enfonce ma casquette et baisse la tête bien bas.

Je sonne. Rien. Je sonne encore. Toujours rien. Prout. Bredouille, je me résigne à errer en ville et revenir ultérieurement. J'ai à peine le temps de me retourner que la porte s'ouvre. Je me retourne avec un grand sourire et mes oreilles sont envahies d'un grand cris strident: "HARRYYYYYYYY!!!". L'expression dans le visage de Marielos vaut largement les 22 heures de route pour venir jusqu'ici.

Comble de chance, toute la famille se réunit ce soir afin de célébrer la graduation d'une cousine. Ils ne ratent pas l'occasion de me souhaiter la bienvenue avec un atmosphère festif imbibé d'alcool...


5 novembre 2009

104. Adios Argentina!

Bon, ça suffit!

Suffit les odieux sandwichs macdonalesques (voir Petit Harry, page 548), les soirées aux rythmes endiablés, les viandes fondantes et délicieuses, les paysages féeriques, les montagnes spectaculaires, les glaciers époustouflants, les déserts à perte de vue, les couchers de soleil patagoniens, les vins divins, les baleines gargantuesques, les virées de moto et le délicieux tango. Mes yeux sont suffisamment éblouis de beautés, mes oreilles suffisamment caressées de sons mélodieux, mes mains suffisamment remplies de tendresse, mon nez suffisamment subjugué de doux parfums et mes papilles suffisamment stimulées. Il est temps de quitter l'Argentine et repartir dans votre direction.

Sur le seuil de la porte de l'auberge, Élodie et Irène me regardent fixement d'un air pas tout à fait joyeux. Elles auraient tant voulu conspirer pour saboter mon départ. Je prends ma soeurette dans mes bras et lui fait ma p'tite danse du "Chanceuse-toi-tu-restes-pour-4-mois-et-tu-me-manqueras-beaucoup!". Quant à Élodie, ce délicieux personnage avec qui j'ai passé d'inoubliables moments, je l'étreins ardemment et silencieusement au creux de mes bras. Nous nous quittons en nous promettant de se refaire croiser nos chemins un jour prochain.

Tout en leur arrachant un sourire, je m'éloigne lentement dans mon taxi vers l'aéroport et le soleil couchant.


2 novembre 2009

103. Le Big Mac infernal

Vous savez, les gens se méritent l'enfer pour avoir volé, menti ou même tué. Moi, j'ai récemment mérité le mien en faisant découvrir le Big Mac à Élodie. En effet, Élodie était l'une de ces vierges du démoniaque sandwich. Jusqu'à il y a quelques jours, elle n'avait jamais posé la dent sur une telle merveille de la technologie gastronomique. Et depuis, elle ne rêve que de dévorer son prochain.

Aujourd'hui, l'appétit grand comme ses deux yeux qui regardent l'affiche du Big Mac en spécial à 7 pesos, Élodie fait un pari avec Irène, Éric et moi: elle nous promet d'enfiler 3 Big Macs en ligne. Ouf! Elle aime vivre dangereusement celle-là! Sceptiques et avant que l'envie ne lui passe, nous courrons vers le premier McDo rencontré.


Elle enfile le premier avec un sourire jubilatif et salive abondamment. Mmmmm..., balbutie-t-elle entre chaque bouchée.


Le second, entre étrangement avec une vitesse de plus en plus lente. Les bouchées sont de plus en plus lourdes et son joli visage rosé commence à blanchir dangereusement à chacune d'entre elles. Elle exige une pause cigarette avec Irène (comme si cela allait l'aider...). Je pouffe de rire à l'intérieur: la pauvre!


À son retour, Élodie regarde le troisième Big Mac avec dédain. Orgueilleuse, elle l'empoigne et y mord à grandes dents. Nous la regardons comme si elle allait exploser d'un moment à l'autre. Une larme de douleur lui coule sur la joue alors qu'elle pousse la première bouchée au fond de sa gorge.


Puis, après de longs moments à fixer la monstrueuse chose, Élodie capitula. Irène, Éric et moi nous regardons d'un regard complice avec la certitude de l'avoir exorcisée et guérie de cette odieuse maladie mondiale. Car il faut l'avouer: le Big Mac, c'est de la merde, mais la meilleure merde au monde.

Allez Éric... pourquoi pas un p'tit sunday au caramel fondant pour couronner le tout!