Arrivé de nuit, je n'ai encore rien vu de l'endroit. Pour cette raison, ma compagne de voyage du moment, Sanna, jeune nomade suédoise et son nouvel ami Alexis, me bandent les yeux et me guident à travers un périlleux sentier. Quelques 100 mètres plus bas, ils m'immobilisent et me rendent la vue: WOW! Je suis ébloui, mais je ne sais si c'est par le soleil ardent ou par toute la splendeur du paysage qui s'offre à moi. Ébaubi, mon cerveau arrive à peine à traiter toute la beauté qui m'entoure.
Devant moi s'étend un gigantesque lac d'eau pure et translucide entouré de trois majestueux volcans bien endormis. Au loin, une poignée de minuscules villages courageux osent défier l'imposante nature en se perchant au flan des volcans. Devant moi, un pêcheur maya défile dans sa barque sculptée dans un tronc d'arbre. Je ne m'en peu plus: mon coeur palpite, mon souffle s'accélère et mes lèvres sourient allègrement. C'est trop, merveilleusement trop.
On prend le petit déjeuner sur la terrasse fleurie et junglueuse (voir Petit Harry, page 538) du restaurant d'Alexis. Entre deux oiseaux-mouches qui viennent se nourrir du nectar des fleurs omniprésentes, Alexis nous explique que San Marcos est un village qui a vu le jour sous les années '60. Ici, tout reflète le style «hippie»: hôtels, restaurants, centres hollistiques, yoga, méditation, massages, etc... Ici, on a à peine l'électricité et le temps n'a aucune signification. Ici, le village n'a pas de rues, mais des sentiers étroits où les gens déambulent en se saluant amoureusement. Ici, on ne pense pas, on se contente de refaire le monde. Plusieurs disent que cet endroit est l'un des vortex énergétiques de notre planète. Cela expliquerait mon doux et constant tumulte intérieur depuis mon arrivée.
Arrivée 24 heures avant moi, Sanna me fait faire le tour de San Marcos. Sur le chemin, on croise son nouvel ami, Glen, un ex-hippie américain de 68 ans venu renouer quelques jours avec l'esprit de Woodstock. Étendus sur un petit coin de plage volcanique, on discute histoire et philosophie pendant près de 2 heures. Ce qui est le plus étonnant de Glen, c'est que depuis 40 ans, il a réussi à vivre que d'amour et d'eau fraîche. Quel riche personnage!
Peu après, Alexis nous suggère un micro-sentier escarpé qui mène à une plage rocailleuse. Je suis encore et toujours en mode «WOW!». À chaque tournant, un nouveau paysage paradisiaque vient me renverser. De temps à autres, je dois littéralement m'arrêter afin de reprendre mon souffle, tellement la stimulation environnante est intense. Je n'arrive toujours pas à tout assimiler. J'en ai des papillons dans le ventre. Je ne suis pas certain si c'est endroit est maudit, ou magique.
À destination, des enfants locaux s'amusent à sauter de deux rochers, l'un de 5 mètres et l'autre de 10 mètres de hauteur. Ayayaye!!! Ils sont fous ces guatémaltèques! Bien sûr, on nous met au défi. Pour moi qui a une peur bleu des hauteurs (et un peu de l'eau), cela constitue une mission impossible. Mais nouveau pays, nouvelle limites. «Allez, j'y vais!», me dis-je. Mais, facile à dire: je reste perché près de 45 minutes sur la crête du précipice de 5 mètres. De plus, je dois viser entre deux rochers submergés. Ma tête tourne, mes mains tremblent et mon coeur bat à 100 mile à l'heure. Puis, finalement, je m'élance dans le vide infini: «AAAAAAHHHHHHH!!!!». En un instant, toute ma vie défile devant moi...puis...PLOUF!!!