18 août 2009

85. Bande de fous!

Il fait froid. Il fait extrêmement froid: moins 25 degrés plus précisément. Clara, Gloria, Blanca, Eduardo, Ricardo et moi sommes à 5000 mètres d'altitude, dans un petit village qui ne porte pas de nom tellement il est petit. Ce groupuscule s'est intimement formé à l'intérieur d'un 4x4. Depuis deux jours, notre guide local (Hilarion) nous a fait traversé un désert de sel, un désert de sable, des volcans, des lacs colorés, des envolés de flamands roses, des routes impossibles, des nuages de poussière et des rivières glacées. Bref, une vraie virée de condensé touristique.

Tout comme Clara, Blanca et Gloria viennent du Nord de l'Espagne. Ricardo est un croisement péruvien et vénézuélien. Quand à Eduardo, il est brésilien, un étalon pure race. Ensembles, les trois filles s'amusent à se parler en Catalan, que nous arrivons à décoder en majeure partie. De temps à autres, Eduardo a le cerveau congelé et nous sort inconsciemment quelques mots de portugais. Bref, c'est le party linguistique entre nous. On s'amuse, on déconne, on blague, on taquine et on rit à en perdre le souffle (c'est pas très difficile à 5000 mètres, car l'air se fait rare ici...).

Avant le souper, Hilarion nous conseille d'aller prendre une marche afin d'apprécier le paysage environnant. Le soleil commence sa descente et le vent se lève... se lève et nous soulève presque. Vêtus de tous les vêtements que nous possédons, nous marchons serrés les uns contre les autres. Eduardo a même emmené son sleeping bag afin de nous protéger tous du méchant vent glacial. Clara tremble comme une feuille. Gloria en sent plus ses dix doigts. Blanca a le nez bleu. Ricardo ne chante plus (c'est rare!) et Eduardo dit des mots sales en portugais. Y fait frette!

Une fois à l'intérieur de notre dortoir, nous poussons tous les lits ensemble et nous nous emmitouflons tous sous les couvertures de laine. Y fait fret, fret, fret! Une fois notre chaleur corporelle partagée et toutes nos blagues épuisées, nous nous regardons tous, un peu ennuyés. J'ai alors la brillante idée de sortir mon portable et de leur passer un film: La misma luna (Under the same noon).

C'est l'histoire de Carlito, un garçonnet mexicain de 9 ans qui attend patiemment sa mère qui a immigré illégalement aux États-Unis il y a 4 ans. Suite à la mort de sa grand-mère, il décide d'en faire de même afin de la rejoindre. Après un long périple, il s'apprête à traverser la frontière, bien caché au fond du coffre d'une camionnette d'un couple sans soupçons. Et alors que les méchants douaniers américains s'apprêtaient à fouiller le coffre... la batterie de mon ordi rend l'âme, sous la torture du froid. Nooooooooooooooooooooooooooooooooooon!!!! Mes comparses avaient la bouche ouverte et remplie de suspens. Maintenant, ils s'apprêtent à tuer mon portable. Et je crois que je serai le prochain.

Je tente désespérément de trouver une prise afin de le recharger, mais il n'en existe aucune. Il se trouve que le complexe est alimenté à l'énergie solaire et n'alimente que les ampoules qui nous éclairent. Au loin, j'entends de la musique. Je cours vers la salle des guides qui refusent systématiquement de me laisser brancher mon portable dans l'unique prise au lieu de leur lecteur CD. Shnoutte!

Je retourne au dortoir afin de leur annoncer la triste nouvelle. Je crains alors pour ma vie. À court d'option, ils m'implorent de leur raconter le reste du film, à capella. Non, mais ça va pas la tête?! Bon. Je m'installe devant ma bande d'emmitoufflés jusqu'aux dents et raconte en espanish le reste de l'histoire.

Je débute timidement, puis me réchauffe tranquillement. Peu à peu, j'y mets des mots dithyrambiques, des gestes amples, des mouvements en hauteur et des chutes dramatiques. En moins de deux, j'ai devant un moi un mini-public à bouches ouverte et affamé de la suite. Ils explosent de rire, ce qui m'incite à en offrir davantage. Je m'évertue à trouver les mots espagnols justes, mais dans la cohue théâtrale, je trébuche sur le vocabulaire, ce qui les fait encore plus mourir de rire.

Vient le temps de a finale. Alors que le petit Carlitos a finalement retrouvé sa maman, il court désespérément vers elle et lui saute dans les bras. Et moi, afin de leur démontrer toute l'intensité du moment, je saute à corps perdu sur ma bande de globetrotter ébaubis qui se pouffe de rire.

Encore Harry! Encore! Encore!, s'écrie-t-ils.

Mais il est tard et il est temps d'aller se coucher les enfants. Bon dodo les petits.

Vous me manquerez tous beaucoup.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

T'es bon pour Orbite Gauche à ton retour!!

ML

Anonyme a dit…

Harritito!
Tu joues le "hand game"! How cool! :)

Profites-en bien! Je continue a voyager avec toi!

Doreen
xoxo

Anonyme a dit…

Hé! Les cactus ont des manteaux de fourrure! Il doit faire frette en titi!
Nicole

Anonyme a dit…

Mini-Harry dans la main d'un Harry format régulier, MÉGA cactus,...coudonc t'es pas arrivé au pays de Gulliver quand-même ?


Calou XXX

Anonyme a dit…

WOW!!! Les photos sont ÉQUEURANNNNNNNNNNTES!!!

C'est le genre de gang que tu veux rencontrer au moins une fois en voyage.

Je trippe juste à regarder.

Sky is the limit.

Cocotte:o) XXX

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