14 août 2009

84. Le guts de Clara

Bredouille de mon expérience désertique, j'arrive exténué à la ville de Sucre, au centre de la Bolivie. Dans la première auberge rencontrée je m'étends sur mon lit, les deux pieds sur mon casque. J'ai à peine le temps de faire une petit roupillon qu'une jeune femme entre dans le dortoir. J'ouvre un oeil...hum...puis l'autre, en souriant.

Je la salue et me présente poliment. Elle se nomme Clara. Clara vient d'Espagne, de la région catalane plus précisément. Clara adore les suçons Lolly-Pop et déteste le chewing-gum à la menthe. Clara vient tout juste de quitter ses deux soeurs avec qui elle voyageait depuis quelques semaines et me raconte qu'elle se dirige maintenant vers l'Argentine. Entre deux conversations anodines, elle et moi faisons un pacte: je l'emmène jusqu'à la ville de Salta en Argentine et elle, bien... euh... elle m'accompagne tout simplement. Tout un deal, hein?

Au souper, je lui raconte ma débâcle du désert de sel. Voyant la déception dans mon visage, elle me propose d'y retourner, mais par la route normale cette fois-ci. Cool! Une femme avec du guts!!! Let's go (“sumi” en catalan)! En moins de deux, on achète un casque et on fait une petite révision mécanique de Calou. Et vlan! C'est parti pour Uyuni, à six heures de route de Sucre.

On nous avait averti que la route était rocailleuse, montagneuse et sinueuse. Mais sachez que cette route est l'épreuve la plus difficile que j'ai pu traverser de tout mon voyage en Amérique latine. Neuf heures durant, j'ai dû consacrer 10000000% de mes énergies à garder a moto à la verticale, car j'ai promis à Clara de ne pas la tuer. À chaque 10 mètres, la route s'amuse à changer de type de surface: cailloux, rocaille, gravier, trous, sable, rivières, chien écrapouti, bosses, etc... tout y passe. Sur la moto, je suis crispé de peur et gonflé d'adrénaline. Je sens que Clara regrette notre pacte de voyage, mais elle sert les dents et attends patiemment le bout de la route.


Finalement, un village apparaît au loin: non, ce n'est pas un mirage, mais Uyuni, enfin! Nous roulons doucement dans le rues de cette minuscule ville perdue en quête d'une auberge assez gentille pour nous accueillir tous les trois pour la nuit.

Soudain, au tournant d'un coin de rue, l'air que j'inhale me brûle les poumons, la gorge et les yeux. Je respire difficilement et ne vois presque plus devant moi. Incapable de conduire, je m'immobilise brusquement. What the hell?!? Il se trouve que nous venons tout juste de manquer une gigantesque manifestation. Ce matin, le policier en service a arrêté trois voleurs et tout le village a pris d'assaut le commissariat afin de se faire eux-même justice. Désespéré, le policier tente de disperser la foule déchaînée avec du gaz lacrymogène, sans penser aux pauvres touristes (comme nous) qui passeraient par là. Heureusement, l'armée est arrivée juste à temps afin d'éviter la pendaison des trois suspects.

Nous établissons campement pour la nuit, loin de la folie humaine, de la cohue et des coups de feu.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme par hasard... une fée qui arrive pour guider notre voyageur devant l'Éternel vers les bons sentiers...

Oncle Mononcle

Anonyme a dit…

OUF! Quelle galère!

Notre coin de pays est calme hein?!?

Cocotte et les minis. XXX

Anonyme a dit…

Sigues siendo un gran ejemplo para todos, seguido hablo de ti con los estudiantes de español y se emocionan de imaginar un viaje como el que tu haces. Eres privilegiado, felicidades!!!
Cuidate mucho y esperemos verte pronto.
Camerina

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