20 mai 2009

52. Oui, mais Monsieur l'agent...

Depuis déjà une semaine, je suis au Panama. Le Panama, c'est la fin de la route qui traverse l'Amérique Centrale. Bien sûr, le Panama et la Colombie sont connectés géographiquement, mais pour une raison qui me dépasse encore, il n'y a pas de route qui s'y rende...de manière sécuritaire. Selon la légende urbaine, il faut traverser la jungle avec une machette et ses rivières avec un canot. Mais cela reste à confirmer. Pour Gordita, ma moto, la traversée doit se faire dans un conteneur sur bateau-cargo. J'espère juste qu'elle n'est pas claustrophobe.

Afin de lui trouver un gentil bateau, j'établis campement dans une auberge de jeunesse en plein centre-ville. Armé de mon tout-petit-mini-pc et de mon meilleur espagnol, je pars à la chasse aux transporteurs maritimes. Un premier me répond que je devrai me départir de 2590$. Combien!!?! Mais monsieur, c'est que ma moto ne vaut à peine que 600$. Un autre, un peu plus gonflé, me l'enverrait par voie aérienne pour la modeste somme de 5742$. À ce prix, je pourrais m'offrir de longues vacances en Asie, un massage de 622 heures ou un abonnement à vie à la revue Femme Plus. Le dernier, lui, me volerait un tout petit 1216$. Mais ça reste tout de même le double de la valeur de Gordita. Bredouille et mine basse, je me résigne à l'alternative: la vendre.

La vendre, oui, mais je devrai faire face à une armée de fonctionnaires (probablement non-stérilisés eux non plus) afin de la légaliser au Panama (rappelez-vous que Gordita est née au Guatemala). Mais depuis quelques jours que j'ai entamé les procédure d'importation, la police se fait un plaisir de m'arrêter quotidiennement...

La première fois, à mon entrée dans la ville de Panama. Vos papiers, demande-t-il. Mon coeur bat la chamaille et ma main tremble comme une feuille. Je ne sais pas trop quoi donner et je lui tends toute ma pile. Ne sachant que faire de tout ce charabia généré par ses collègues de la frontière, il me rend le tout et me souhaite bonne journée. Pfiou!

La seconde fois, ils sont deux. J'arbore un grand sourire innocent et leur tends la même pile de paperasses, passeport canadien bien en évidence au-dessus. Vous ne le savez peut-être pas, mais votre nationalité canayenne a bonne réputation dans le monde entier et peut vous sortir de situations potentiellement embarrassantes: « Bonne journée monsieur, bon retour à Montréal ». Et me revoilà reparti de plus belle. Yessss!

La troisième fois, ils sont quatre qui bourdonnent autour de moi. Je soupire et secoue la tête. J'offre le même scénario, mais le moins con des quatre s'aventure à lire toute la pile et à essayer de comprendre. Voulant faire son petit coq devant ses collègues, il met en question la validité des papiers et refuse de me laisser aller. Son sergent, soudainement moins con, lui arrache la pile, me la tends gentiment en me souhaitant bonne journée. Ouf!

La quatrième fois (mais je m'en peux pus!!!), on me reproche de ne pas avoir une plaque du Panama. Je garde mon calme et tente d'explicationner (voir Petit Harry, page 420) en «espanish» bien cassé que je suis en pleine procédure d'importation avec le service national des douanes et que ça prend du temps obtenir une plaque du Panama (sti!). Mmmmmmouin, ça passe... Encore ouf!

Le lendemain, au tournant d'un coin de rue, ma chaine déraille et je m'arrête...devinez où...face à deux policiers qui ont l'air de s'ennuyer. Les mains pleines de graisse, je fais mine de rien, mais il s'approchent dangereusement. Tabarn...! Sans même qu'ils ne me le demande, je cède d'amblée ma pile de papiers. Cette fois-ci, je suis dans la mierda. Les deux s'accordent pour faire fi de mon autorisation de circuler au Panama et me demandent de les suivre au poste de police pour questionnement. Quoiiiiiiiiiiiiiiiiii!?! Ayant un sérieux doute, je me regarde dans mon rétroviseur afin de vérifier si on ne m'as pas tatoué dans le front la nuit dernière les mots «Faites-moi suer SVP». Brutos!!! Fort heureusement, un appel d'urgence replace soudainement leurs priorités et me sauve certainement d'une nuit passée au poste. Rappelez-moi de remercier le voleur qui vient de dérober une banque près d'ici.

Parce que tout malaise se passe, ma chance tourne d'un coup. Et tout comme on fait trois voeux à un génie de la lampe, j'obtiens l'autorisation des douanes, un homme m'approche spontanément et m'offre d'acheter ma moto et il m'en donne quasiment le prix que je l'ai achetée. Il souhaite l'ajouter a sa flotte de moto de livraison PizzaHut. Aye! Quel malheureux destin pour Gordita, mais je ne peux me permettre de rechigner.

Mais avant qu'elle ne disparaisse dans la jungle urbaine panaméenne en tant que modeste livreuse de pizza peperoni-fromage et de Pepsi diète, je vous emmène une dernière fois faire un petit tour sur une route bucolique non loin d'ici. Vous venez?



6 commentaires:

Anonyme a dit…

Pauvre coco!

Deux séparations en peu de temps, c'est brutal mais ça fait partie de ta superbe aventure si colorée et amusante.

Dis donc, on dirait presqu'un paysage d'automne?!?!?!

Bonne continuité!

Les girls et l'homme! :o) XXX
Voici un bec de chEEEEEEEEEri! X

Anonyme a dit…

Adieu Gordita!!!

Dodo a dit…

Oh tu t´es separe de Gordita! Alors, donde estas?

Anonyme a dit…

Ayoye ça faisait un méchant vacarme cette Gordita... Lâche pas mon Harry on est avec toi!!! J'ai hâte de voir la suite de tes aventures...
:) geneviève

Anonyme a dit…

Ça fait que tu vas te promener dorénavent en flip-flop? Ça va moins vite mais ça fait autant de bruit, tu devrais pas être trop dépaysé. Dommage que ta dernière run n'a pas été sur un chemin d'un pied de large bordé d'une falaise sans fond, me semble de te voir avec ta caméra dans la bouche en pleine dégringollade, hahaha.
J'ai hâte de te revoir!
Marie

Anonyme a dit…

Que de chemins parcourus depuis Sarnia !!!

Merci à ton frère Tony de m’avoir révélé ton périple si captivant et incroyable.

Sincères condoléances pour Gordita mais est-ce un mal, est-ce un bien ?
Elle rendra peut-être l’âme au prochain pepperoni alors que tu seras heureux en Colombie ?

Bon courage, bonne folie, belle vie !!!

Gou.

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