16 avril 2009

47. La capricieuse Gordita

Si une photo vaut mille mots, une moto vaut mille maux. Voilà maintenant un mois que je voyage en motocyclette. Je vous avoue que cela constitue en soit, tout un défi. Cette moto, que j'ai baptisée «Gordita» (petite grosse), me transporte depuis plus de 3000 kilomètres.

Elle et moi avons fait un pacte. Moi, je jubile en la guidant à travers les routes les plus recluses et les plus crasses d'Amérique Centrale. Elle, doit en retour me faire les pires caprices: boulons perdus, freins qui crissent, chaîne qui déraille, transmission qui ne transmissionne plus, phare brulé, porte-bagages fêlé, clignotant qui fait la grève, fuite d'huile, roue arrière faussée, bearings avant usés, etc... enfin, vous voyez le portrait? De plus, Gordita choisit les pires moments pour me taquiner.

Par exemple, aujourd'hui, alors que je parcourais une minuscule route qui apparait à peine sur les cartes du Honduras, Gordita a décidé de me faire une crise existentielle: ET VLAN!!! Les quatre boulons de la roue arrières viennent de rendre l'âme. Sous le poids des deux sacs à dos, de ma passagère Kathleen et de mon moi-même, ces dernier on tour à tour cédé à la pression. Je suis maintenant immobilisé en plein milieu de nulle part, entre une vache, deux montagnes et trois poulets, sous un soleil plombant à soixante-douze mille degrés.

Reconnaissez qu'une telle situation est potentiellement source de panique. Non? Mais le «MacGyver» en moi refuse de capituler. Je sors mon arme secrète: mon Duck Tape. Tout comme la Crazy Glue, ce ruban gommé magique est capable de vous soulever et de vous suspendre des jours durant. Mais malgré mes efforts de mécanicien en herbe, Gordita refuse d'avancer. Elle exige ses boulons.



Soudain, un paysan se pointe le nez. Puis, un ado avec sa moto. Suivent ne poignée de jeunes enfants du village voisin. La nouvelle se propage comme une trainée de poudre. En l'espace de quelques minutes, de villageois souriants et prêts à tout pour nous aider.


L'un d'entre eux, Edwin, a parcouru 10 kilomètres et sacrifié trois boulons de sa propre bicyclette afin de soulager ma capricieuse moto. Ce bain de bonté spontanée me rempli d'espoir humain. Débordant de joie, je les serre tous très fort dans mes bras avant de rebrousser chemin vers le dernier signe de civilisation rencontré.

Manque de chance, l'unique garagiste du village vient tout juste de faire ne crise d'épilepsie. Chnoutte! Mais miraculeusement, la réparation insolite style «MacGyver» a tenu le coup pendant plus de 25 kilomètres jusqu'à Tocoa, principale ville de la région.

Sacrée Gordita! J'ai passé tellement de temps à ton chevet que j'ai l'impression que les garages sont maintenant pour toi des SPA où tu as hâte de te faire dorloter capricieusement. À quand ton prochain saut d'humeur?!?




3 commentaires:

Anonyme a dit…

Complètement tordant! As usual.
Tu sembles TRIPPER d'aplomb.
WOW! Y a des jours où j'envie ta liberté et ton brin de folie.
Gros bisous!
Cocotte

Anonyme a dit…

AHAHAH !!! J'aime bien l'analogie avec les spas... le cimetière de motos qu'on voit sur les photos va certainement pas à la cheville du Balnéa ;)

Irène

Anonyme a dit…

Aaaah... On reconnait bien le bon vieux Harry-scotchtape-batteries lol

Carole

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