4 février 2009

29. Salaud, je t'aurai!

Vous saviez que le Guatemala hébergeait pas moins de 36 volcans, dont 3 encore très actifs? Il se trouve, par le plus pur des hasards, que deux d'entre eux font partie du paysage de la ville où j'étudie depuis quelques jours (Antigua).

Chaque matin, je marche vers l'école et l'un d'entre eux, Pacaya, me regarde d'un air arrogant. Du haut de ses 2500 mètres, il semble me narguer et me mettre au défi. «Ah ouin? Salaud, je t'aurai!», me dis-je intérieurement.

Peu après, j'embauche un minibus qui nous transporte, mes 7 autres comparses et moi, vers le camp de base du village de Pacaya. La route semble complice du volcan et transforme le minibus en tape-cul guatémaltèque pendant plus d'une heure. Au fur et à mesure que nous cheminons, le volcan prend de l'ampleur et tente de m'intimider. «Salaud, je t'aurai!»

Une fois à destination, je constate que le chemin étroit est parsemé de merde de cheval, de taureaux et de vaches, ainsi que toutes les odeurs qui les accompagnent. Le sol est d'une couleur que je ne connais pas: ni terre, ni sable, il est d'un brun-gris cendré qui m'intrigue. La pente s'accentue. J'entends mon souffle s'intensifier et mon coeur battre la chamaille. Des villageois me proposent régulièrement de m'emmener à dos de cheval, mais non, «Salaud, je t'aurai!» ... à pied.



Une végétation verte et dense m'entoure et m'empêche de le regarder droit dans les yeux. Le vent se lève en bourrasques et soulève la poussière qui envahie mes poumons et fouette mes yeux. Je vois à peine où je mets les pieds. «Salaud, je t'aurai!»



Je suis maintenant à 1000 mètres d'altitude. La flore disparaît soudainement et le volcan ose finalement se montrer le visage: mers de cendre, collines abruptes, pierres et rochers noirs, infiniment instables et aussi coupants que des lames de rasoir. «Salaud, je t'aurai!»



Tout en te regardant dans les yeux, je descends, je monte, je descends encore et je remonte indubitablement la route que tu t'es amusé à me tracer depuis des siècles. De loin, je t'entends me narguer encore et encore: «Viens, si tu oses. Viens Harry, si t'en est capable». Quel arrogant ce volcan! «Salaud, je t'aurai!»


Ta pente s'accentue et frôle l'escalade. Ta surface est couverte de pierres qui glissent sur un tapis de cendre qui me déstabilise à chaque pas. Tu souffles une halène cendrée accompagnée de bourrasques de plus de 100 km/h. L'une d'entre elle me projette vers l'arrière: je tombe et roule sur ta surface dangereusement coupante. À ma première culbutte, tu me frappes violemment l'épaule gauche, puis l'arrière de la tête. À la seconde, je t'enfonce mon bâton dans tes entrailles et m'immobilise, finalement. Mais trop tard, tu m'a déjà déchiré le genoux et mon sang coule abondamment. «Salaud, je t'aurai!»

Je monte toujours et je vois tes yeux de feu qui me regardent d'un air furieux. Toi, montagne de feu, j'ai maintenant piqué ton orgueil en plein coeur. Je vois tes larmes de lave incandescente couler sur ton visage aux allures infernales, lentement, mais surement: tu rages de me voir à ton sommet.

Je t'ai eu, salaud!!!






11 commentaires:

Anonyme a dit…

Tienes un volcan activo en poesia dentro de tu corazon! y yo lo que tengo es que TE AMO

Anonyme a dit…

"J'ai des droits d'auteur sur ce mot.
Tu m'impressionnes à chaque jour que je te lis.
Tu l'as bien eu le SALAUD!!!
Cocotte

Anonyme a dit…

Bravo Harry !

En plus les photos sont magnifiques !!!

Calou

Anonyme a dit…

Bravo Harry! Mais je saisis mal... quel est le lien entre tes cours d'espagnol et l'ascension du volcan? Fais attention à toi, tout de même, tu choisis des adversaires pas mal coriaces...
Nicole K

Anonyme a dit…

Tu seras mort bien avant lui.....[BR]

Anonyme a dit…

Comment s'appelle-t-il? Voyons...

Ça y est: Don Quichotte!

Oncle Mononcle

Anonyme a dit…

Moi aussi je t'aurai... espèce de bachi-bazouk de blogue qui ne veut pas enregistrer mes commentaires et qui m'oblige à m'y reprendre à plusieurs fois...

Oncle Mononcle

Anonyme a dit…

On ne peut pas dire que tu n'as pas de persévérance. Félicitation tu l'as eu ce mosus de volcan. Quelles belles photos. Flore

Ohm Diva a dit…

Harry on découvre un vrai lyrisme d'auteur... quand tu reviens, ça devrait être TON livre qu'on met au programme du bookclub!!! Merci de nous faire voyager avec toi!
genevieve

Anonyme a dit…

Ça me semble être un bon (petit) réchauffement pour ton prochain passage dans les Andes...

Renaud

Anonyme a dit…

Good job Frodo!!!

#8

Enregistrer un commentaire

(Choisissez "Anonyme" et inscrivez votre nom au bas de votre message) Merci de me laisser vos commentaires. Ils sont bien appréciés! :)